Punaise de lit et impact psychologique

Punaise de lit et impact psychologique Pascal DELAUNAY (nov 2020)

Punaise de lit : fatigue, anxiété, traumatisme.

Pascal DELAUNAY : Parasitologue, Entomologiste, Master de Psychologie, Praticien en Hypnose

A ce jour, la punaise de lit n’est pas reconnue comme responsable de la transmission d’infections. Cette vérité autorise toute personne, structure ou institution, à rendre cette nuisance du quotidien négligeable par rapport à de nombreuses autres problématiques humaines, sociales ou environnementales de notre monde contemporain.

Pourtant, toute personne qui a subi une infestation par des punaises, quel que soit son milieu social, peut vous parler avec agressivité ou désespoir, pendant des heures entières, de sa fatigue, de son anxiété et en final de son traumatisme.

Une infestation par punaise de lit passe obligatoirement par les étapes suivantes :

  • Nuisance par piqûres
  • Découvertes des punaises
  • Mise en place d’une lutte
  • Évaluation de la lutte par l’observation de la diminution ou l’absence de piqûres
  • Arrêt de la lutte pour constater la réussite
  • Acceptation de la réussite de la lutte.

Les trois premières étapes imposent de l’action et un bouleversement du quotidien. Majoritairement les gens savent y faire face, même si ces étapes sont extrêmement fatigantes et couteuses.

Les 3 étapes suivantes nécessitent un ralentissement, une observation puis un arrêt Étonnamment, c’est à ce moment que tout se complique. L’état de fatigue intense induite par la lutte, va transformer le ralentissement en une anxiété, la vigilance en hyper-vigilance et l’arrêt en angoisse voire en traumatisme.

Des troubles émergent insidieusement, tels des cauchemars et des stratégies d’évitement se matérialisant par des auto-privations de déplacements et de rencontres par peur de contamination. « Les punaises peuvent être partout, tout le temps ». Un état de Stress Post Traumatique (ESPT), défini par les psychiatres à 6 mois d’un événement violent, se constate parfois. Il n’est malheureusement pas reconnu, car trop peu étudié.

De trop rares études portent sur ce thème même si l’anxiété est constamment rapportée dans la gestion des punaises de lit. La recherche et l’évaluation de cette atteinte de la « Santé mentale » par la punaise de lit n’est pas gérée à égalité de la « Santé physique ».

Tout comme les moustiques ou les tiques sont reconnus comme « Vecteurs de pathogènes responsables de Maladies Infectieuses », la punaise de lit devrait être reconnue comme « Vecteur de Troubles Psychiques ».

Une prise de conscience de l’intérêt d’études scientifiques portant sur ces troubles traumatiques est plus que nécessaire.

  • Ashcroft R, Seko Y, Chan LF, Dere J, Kim J, McKenzie K. Int J, The mental health impact of bed bug infestations: a scoping review. Public Health. 2015;60:827-37.
  • Rieder E, Hamalian G, Maloy K, Streicker E, Sjulson L, Ying P Psychiatric consequences of actual versus feared and perceived bed bug infestations: a case series examining a current epidemic. Psychosomatics. 2012;53: 85-91.
  • Goddard J, de Shazo R. Psychological effects of bed bug attacks (Cimex lectularius L.). Am J Med. 2012;125:101-3.